on dit que les plus belles années d'une vie sont celles qu'on n'a pas encore vécues

Certains enfants ne connaissent jamais leur père. Dans mon cas, c'est ce qu'il s'est passé. Mais avec ma mère. Eh oui, c'est bien plus rare, mais ça a bel et bien été le cas pour moi. En fait, je l'ai connu. Je m'en souviens vaguement. Quand elle nous a laissé, mon père et moi, je n'avais que trois ans. J'en garde des souvenirs confus. Une grande femme blonde. Une voix parfois chaleureuse et parfois très froide. Autoritaire, mais juste. Je ne sais même pas pourquoi elle a quitté mon père. À la limite, ça, ça ne me regarde pas. Mais je lui en voudrais toujours de m'avoir privé d'une mère. Non, mon père ne s'est jamais remarié, vouant toujours un amour fou à cette femme qui était parti, qui l'avait laissé seul avec un gosse sur les bras, qui n'a plus jamais tenu à le revoir ni à me revoir moi. Mon père est devenu mon seul modèle. La seule icône de la maison. Heureusement pour moi, c'était le meilleur père du monde.

J'ai toujours vécu dans un semblant d'aisance. Paris, la belle Paris. Nous avions de l'argent, quant bien même je ne l'ai jamais montré à outrance. Moi, ça me servait à faire plaisir aux autres, comme une passion. Toujours tourné vers les autres. Ça me jouait parfois des tours, mais je n'en tenais pas compte. J'aimais ça. Je me serais nourri du sourire des autres si j'avais pu. Les filles me tournaient autour, je ne m'en plaignais pas sans en abuser, car je n'étais pas de ces types au lycée qui courraient après la plus belle fille du bahut. Mon père était toujours là pour moi. Il m'était d'une grande aide. Il me voyait dans l'architecture, mais pour l'instant, je n'avais pas franchement d'idées. Et puis, je n'pouvais pas trop savoir que le destin allait choisir à ma place. J'étais un élève brillant, ce qui en agaçait d'ailleurs plus un, et après mon bac, j'entrai à la Sorbonne sans aucune difficulté. C'est là que tout dérapa.

« Vous êtes bien monsieur Sylvestre Roussel ? » Pause.
C'est en parti pour ça que je n'aime pas qu'on m'appelle Sylvestre, que je n'aime rien de mon prénom, de ce foutu prénom, parce qu'à chaque fois qu'on m'appelle comme ça, j'ai l'impression d'entendre cette voix compatissante au téléphone. Voix qui me semble pourtant à des kilomètres. Froide, distante, malgré-lui certainement.
« Oui, c'est moi, qui êtes-vous ? » Je sais très bien que ce genre d'appel, soit c'est la banque qui vient vous chercher des noises, soit une agence de réseaux téléphoniques ... soit un flic. Et j'espérais vraiment, pour la première fois de ma vie, que c'était quelqu'un qui voulait me refiler un abonnement bidon. « Je suis l'agent Pirson. Votre père a eu un accident. » Il s'écoule deux secondes. La première j'ai l'espoir fou qu'il va me dire qu'il va bien. La deuxième, je sais que c'est déjà fini. « Je suis désolé. Il est décédé sur le coup. » J'avais dix-neuf ans. Dix-neuf, putain ! Mon enfance était fini. Le temps de la naïveté aussi. Le destin m'avait fait entrer de force dans cette fatalité qui vous prend par surprise mais qui surtout, vous prend tout. Et vous laisse là, seul, démuni.

Mais les surprises n'étaient pas finies, oh non. Il y a eu l'enterrement à organiser (croyez-moi, c'était pénible). C'est ce jour-là que j'ai revu ma mère. Ma mère et ses deux enfants, que je ne peux pas appeler mes demis frères et soeurs parce qu'injustement, je les détestais. Elle avait refait sa vie, préféré un autre homme, élevé d'autres enfants que moi. Elle n'était pas ma mère. C'est la seule et unique fois où j'ai accepté de la voir. Plus tard, elle voulu m'inviter. Peut-être était-ce de la charité, mais je refusais ses invitations à chaque fois, avant de lui faire comprendre qu'elle devait cesser car je ne voulais plus rien avoir à faire avec elle. Elle n'était pas ma mère. Point. J'avais eu un parent, un seul, et il était à présent dans ce putain de cercueil. C'est après quelques semaines où j'essayai tant bien que mal de reprendre un semblant de vie normale (ce qui était impossible) qu'on m'appela de nouveau.
« Monsieur Sylvestre Roussel ? » Encore le même type de voix. Mais cette fois, je n'avais plus peur : je n'avais plus personne à perdre. Tout à y gagner, en réalité. « Après étude du testament laissé par votre défunt père, nous y avons trouvé une information à vous communiquer. Votre père possédait une horlogerie à Adélaïde, en Australie. Elle vous appartient aujourd'hui, il voulait sans doute vous en faire la surprise. »

Hop. On arrête les études, on quitte la belle Paris, et on s'envole pour l'Australie. Chose facile, je m'adaptai là-bas aussi facilement que si j'y avais toujours vécu. Bien sûr, la perte de mon père me pesant toujours autant, je sombrai peu à peu dans la pire des dérives. Mon horlogerie fonctionne bien et je me plais à réparer des montres, des horloges, à étudier le fonctionnement de ces putains d'aiguilles qui rythment nos vies. Après un long stage d'un mois, j'étais devenu parfait dans le métier, ça me laissait bien gagner et j'avais l'héritage de la fortune de mon paternel derrière-moi si jamais quelque chose foirait. Mes études me manquaient, parfois. Puis avec quelques verres dans le sang, je finissais par oublier ma vie d'avant. J'appris à cumuler les verres, les drogues, les femmes. Peu à peu, je sombrais dans une débauche totale que je cachais sous une apparence toujours classe et parisienne. Qui se douterait que l'horloger bien fringué est en fait tombé dans la pire spirale qui soit, à savoir la drogue, hein ? Personne. C'est justement peut-être le soucis.

Théa + oooh ma chérie t'es adorable. oui je suis une fouineuse et j'assume. je dois dire que ça a été plutôt simple de mettre la main sur l'adresse. (a) héhé, merciiii. ohwii un lien obligé quoi, d'ailleurs si t'as une idée n'hésite pas hein.
Lilou + ohww je peux te retourner le compliment, eleanor, on ne la voit pas assez je trouve. merci beaucoup.
Maxine + merci beaucoup. oh mais une belle fille comme ça qui m'appelle chaton, je pardonne. merci.
Lorenzo + toi, si genre tu as exactement le même pseudo que sur un autre forum, je te connais. merci.

elle va le chercher, elle va le trouver la petite Cha. oui héhé, j'ai tapé un truc sur google et HOP. oui il le faut ! il nous faut un truc du tonnerre pour ça.

je t'attends alors.

merci beaucoup belle Selena.

merci beaucoup vous êtes adorables, ça me touche beaucoup que l'histoire vous ait plu. je file me recenser tout de suite. et oui pour le groupe c'est parfait Maxine.