Anaïs & Martin

La jolie Anaïs avait son sac en bandoulière sur l'épaule, et marchait d'un pas quelque peu hésitant. Elle commençait vraiment à se dire qu'elle n'avait aucun sens du contact, encore moins celui de l'organisation. Elle n'osait pas aborder les élèves qu'elle croisait dans le couloirs. Ils semblaient tous parfaitement savoir où ils allaient, ou bien plaisantaient entre eux, des couples se roulaient quelques patins dans un coin. Elle n'avait pas vraiment envie de prendre les devants et d'aller passer pour une gourde qui débarque de Mars devant ces gens, dont certains étaient peut-être de potentiels futurs amis. Il fallait dire que c'était le matin, elle était encore fatiguée de son voyage de la veille - quelle idée de débarquer en Australie un dimanche quand on a cours le lundi ! Elle se baladait donc comme une perdue au milieu de la foule d'étudiants, sans savoir à quel auditoire elle devait se rendre. Le pire, c'était qu'elle avait perdu son horaire de cours - quand je vous dit qu'elle n'avait pas le sens de l'organisation... - et qu'elle ne savait même pas à quelle heure elle devait avoir cours. Elle savait juste qu'il était dans la matinée.

Anaïs avait juste eu le temps de déposer ses affaires la veille au soir dans son tout nouveau studio. D'ailleurs, elle en était très satisfaite : il était génial. Bien sûr, elle avait mis le prix pour ! Et elle remerciait ses parents pour ça, ils l'avaient aidée à se lancer dans cette nouvelle vie, loin d'eux, où elle était censée se débrouiller de manière parfaitement autonome. Autant hier elle était très heureuse de se voir seule dans son studio, à agencer les choses comme elle le voulait... Autant maintenant, elle n'en menait pas large. Elle avait gardée sa veste de voyage, une fine veste en toile kaki qui faisait plus penser à une chemise. Elle avait quand même décidé de mettre un short plutôt que son jean noir. Sous sa veste, un top ample qui la laissait respirer, comme elle l'aimait. Et bien sûr, ses converses en toile noire cloutées.

Anaïs décida de s'asseoir deux secondes à un appui de fenêtre. Elle observa attentivement les autres étudiants rentrer dans leurs auditoires respectifs quand l'heure du premier cours arriva. Elle était presque persuadée qu'elle n'avait cours que l'heure d'après, mais elle était tellement stressée qu'elle commençait à en douter. Elle fouilla dans son sac le plan de l'université et le trouva sans problème. Par contre, impossible de mettre la main sur son horaire. La jolie brune fouilla cinq bonnes minutes, ses gestes se faisant de plus en plus désespérés. Elle finit par renoncer et colla l'arrière de sa tête à la vitre, laissant échapper un petit soupir de découragement. Elle jeta encore un oeil au plan. Elle avait cours de sciences politiques, ça elle le savait. Elle regarda le nom des auditoires, tentant de trouver par déduction l'endroit où elle allait devoir se rendre.

Un bruit de porte de casier attira son attention. La brunette avait été tellement absorbée par son désespoir passager qu'elle n'avait pas entendu les bruits de pas se rapprocher. Elle releva le menton, intriguée, car tous les étudiants avaient à présent déserté le couloir. Un jeune homme était en train de sortir les cours de son casier, ses gestes étaient loin d'être précipités. Il ne semblait pas le moins du monde être en retard. Peut-être que lui aussi, il avait cours plus tard. Mais dans ce cas, que faisait-il à cette heure-ci dans les couloirs ? Soit. Il était tout de même seul et il n'y avait plus personne à proximité. Il pourrait peut-être la renseigner. Anaïs prit son courage à deux mains, saisit son sac à l'épaule d'une main et s'avança vers l'inconnu. Elle esquissa un sourire avenant.

« Bonjour. »